Le cinéma des artistes… Claudio Pazienza

du 10 au 12 novembre 2011

EDITO de Frédéric SABOURAUD

L’œuvre de Claudio Pazienza, sous ses faux airs d’auberge espagnole et de cadavre exquis, est plutôt un carrefour. L’arpenter, c’est s’offrir la possibilité d’y retrouver quatre questions essentielles du cinéma venues s’y réfugier. Ainsi l’interrogation autour du documentaire, terme fourre-tout et dévoyé auquel on préfèrera captation et représentation du réel : les films de Pazienza, insituables dans la répartition traditionnelle fiction/documentaire, s’énoncent comme des formes qui ne renoncent pas à ce qui fonde le geste cinématographique, et ce, dès les premiers plans Lumière – saisir l’impondérable disait Henri Langlois, tout en s’autorisant des mises en scène affirmées, stylisées, conceptuelles ou burlesques, voire les deux à la fois.

Autre piste, directement liée : l’inépuisable tension qu’instaurent ses films entre peinture et cinéma : allégorie, composition d’un côté et, de l’autre, l’impression de réalité propre au cinématographe dont parlait Christian Metz, la banalisation du geste, son inscription dans l’ordinaire.

Les corps prennent la pose pour un peintre imaginaire, filmés frontalement, découpés comme sur l’étale du boucher en autant de morceaux que le cadre fragmente. Mais à d’autres moments ils s’inscrivent dans le flux de la réalité, pris dans ses mouvements informes, tentant vainement d’y résister. S’appuyant sur cette forme singulière, viennent émerger des questions d’époque : l’identité, la famille, l’origine, l’appartenance et les formes de récits qui s’y rattachent : autobiographie, journal intime, autoportrait. Entre littérature et peinture, empiétant sur l’une et sur l’autre, là se situe l’oeuvre de Pazienza, qui n’oublie pas pour autant de s’interroger sur une question essentielle : à quoi nous sert le cinéma.
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