L’homme sans nom
“Le protagoniste de cette histoire vit loin des mondes de la matière et de l’esprit. C’est un homme de quarante ans, il n’a pas de nom. Il a construit sa propre condition de survie. Il va souvent dans des villages voisins, mais il ne communique pas avec d’autres personnes. Il ramasse des restes et des déchets mais il ne mendie pas. Il rôde dans des ruines de villages abandonnés, à la fois comme un animal et un fantôme. Sous la double pression politique et économique, la plupart des gens se retrouvent privés peu à peu de leur dernière dignité. […] J’ai filmé sur une longue durée, en toutes saisons et toutes conditions pour pouvoir capter des moments essentiels.” Wang Bing
Lors d’un repérage, Wang Bing a découvert cet homme, puis il a commencé à le filmer dès qu’il parvenait à emprunter une caméra. Jamais ils ne se sont parlés. Ce film répond à son précédent – il est aussi silencieux et mobile que Fengming est fait de parole et de fixité – car chez Wang Bing, c’est bien le sujet qui définit le geste cinématographique. Wang Bing, comme Pedro Costa, porte son attention aux détails et refuse toute esthétisation de la misère.