Cinéma de la pensée … CanaLacaN

Du 27 novembre au 6 décembre
Edito de Joseph Mouton

Des allusions que Lacan fait au cinéma, assez rares en somme, on peut conclure qu’il ne traitait pas des films différemment de la chose artistique en général : comme d’un réservoir d’objets pensants dans lequel le psychanalyste pouvait puiser à loisir pour étayer ses intuitions. On sait qu’à propos de Marguerite Duras, Lacan a écrit « le seul avantage qu’un psychanalyste ait le droit de prendre de sa position, lui fût-elle donc reconnue comme telle, c’est de se rappeler avec Freud qu’en sa matière, l’artiste toujours le précède et qu’il n’a donc pas à faire le psychologue là où l’artiste lui fraie la voie. » Pas de quoi fonder une esthétique lacanienne, peut-être, et d’autant moins que le docteur lui-même ne s’intéressait ni à la machine-cinéma ni aux voies cinéphiliques qui la fantasment. Notre modeste ambition en l’occurrence sera d’abonder à nouveau le canal qui relie la psychanalyse lacanienne au cinéma aujourd’hui, en conviant des personnes qui ont hérité de Lacan à un titre ou un autre et ne se déprennent pas de cet héritage lorsqu’elles vont au cinéma et en écrivent. Quant au programme, si on le demande, nous l’avons établi d’abord avec le souci de ce que Lacan appelle la pulsion scopique — notamment dans la section du Séminaire XI consacrée au regard —, ensuite en pensant à la voix et à la pulsion invocante ; c’est-à-dire que nous avons cherché des films contemporains, de Lacan comme de nous-mêmes, qui regardent ou qui entendent spécifiquement l’une ou l’autre pulsions, leur croisement possible ou la béance qui les sépare au contraire, dans le cinéma parlant, — le scope contre la phonè ?

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