Le cinéma des artistes… Claudio Pazienza
EDITO de Frédéric SABOURAUD
L’œuvre de Claudio Pazienza, sous ses faux airs d’auberge espagnole et de cadavre exquis, est plutôt un carrefour. L’arpenter, c’est s’offrir la possibilité d’y retrouver quatre questions essentielles du cinéma venues s’y réfugier. Ainsi l’interrogation autour du documentaire, terme fourre-tout et dévoyé auquel on préfèrera captation et représentation du réel : les films de Pazienza, insituables dans la répartition traditionnelle fiction/documentaire, s’énoncent comme des formes qui ne renoncent pas à ce qui fonde le geste cinématographique, et ce, dès les premiers plans Lumière – saisir l’impondérable disait Henri Langlois, tout en s’autorisant des mises en scène affirmées, stylisées, conceptuelles ou burlesques, voire les deux à la fois.
Autre piste, directement liée : l’inépuisable tension qu’instaurent ses films entre peinture et cinéma : allégorie, composition d’un côté et, de l’autre, l’impression de réalité propre au cinématographe dont parlait Christian Metz, la banalisation du geste, son inscription dans l’ordinaire.